Une lettre de l'Imprimerie nationale
LE MONDE | 18.06.04 | 14h08

A la suite de la publication du point de vue d'André Guillerme intitulé "Il faut sauver l'Imprimerie nationale" (Le Monde du 1er juin), nous avons reçu de Loïc Lenoir de la Cochetière, président-directeur général de l'Imprimerie nationale, la mise au point suivante :

Le ton de prophétie alarmiste et l'amalgame constant entre l'entreprise et son patrimoine typographique, dont elle fait vivre l'héritage séculaire malgré des conditions économiques difficiles, prête dangereusement à la confusion et rend le propos moins crédible par excès de dramatisation.

Il y a plus grave : le bâtiment de la rue de la Convention, contrairement à ce qui a été écrit, ne sera en aucun cas "rasé", sa façade étant inscrite au Patrimoine industriel de la France. Au contraire, son architecture extérieure et ses jardins seront intégralement préservés.

Il est, en outre, pour le moins ambigu d'affirmer que "seul le réaménagement des activités du site parisien est défini à ce jour", alors que, parallèlement à la nouvelle usine en cours de construction à Choisy-le-Roi, le groupe Imprimerie nationale comprend trois autres sites industriels, à Evry, Douai et Strasbourg, dont les implantations ne sont pas remises en cause.

Mais surtout, le procès d'intention fait à l'Etat, et en particulier au ministère de l'économie et des finances, autorité de tutelle de l'Imprimerie nationale, n'a pas lieu d'être, et risque même d'aller à l'encontre du but louable recherché par l'auteur de ce point de vue : préserver l'activité de l'Atelier du livre et de l'estampe, dont les collections et les savoir-faire humains composent, en effet, un ensemble unique au monde.

C'est justement l'ensemble de telles compétences et de tels trésors qu'il n'est en aucun cas question de dissocier, encore moins de laisser disparaître. Ni "vide-grenier", ni "grande braderie", ni "jeu de Lego", mais un effort patient - bien difficile, il est vrai, en période de rigueur budgétaire généralisée - de la part de la direction de l'Imprimerie nationale pour tenter de fédérer d'éventuelles contributions des différents ministères concernés, des collectivités locales et d'entreprises du secteur graphique au sein d'un groupement d'intérêt public - car le temps presse, en effet, et l'intérêt public est bien en jeu.

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.06.04